Une fin d’après-midi sous la chaleur d’un camping méditerranéen très animé à l’apogée du disco (je suis une enfant des 70s !) et un groupe de roller-skateurs professionnels répètent le spectacle qu’ils donneront plus tard dans une boîte de nuit locale. Les enfants se sont rassemblés autour d’une plate-forme de fortune et admirent les sauts et les pas rythmés des patineurs. Pour faire plaisir aux gamins les danseurs proposent aux enfants de les faire virevolter quelques minutes et un à un les enfants décollent dans les rires et les cris. Mais pas moi, ils me demandent une fois, deux fois, trois fois et à chaque fois je refuse. J’ai peur de me faire mal, de ne pas pouvoir suivre les instructions, et même si j’adorerais le faire, je ne crois pas en être capable. Au bout d’un moment, les roller-skateurs remballent et j’ai raté l’occasion d’essayer quelque chose de nouveau, de tester mes capacités, bref de me développer. Et du haut de mes 6 ans je me promets que cela ne se reproduira plus.

Fast-forward >> 30 ans, pas de camping mais une salle de réunion et c’est le moment des revues annuelles de performance, en tant que manager j’ai habituellement 3 scénarios: pour certaines personnes j’ai hâte de faire la revue, pour certains c’est un exercice RH à compléter (leur manque d’enthousiasme est contagieux) et pour certains je n’ai pas hâte … du tout.

Pourquoi ai-je hâte de faire cette revue avec certaines personnes et pas d’autres? Parce que, comme les enfants du camping, ils envisagent leur revue annuelle comme une opportunité et ils ont le désir d’en profiter au maximum. En d’autres termes, nous allons avoir une conversation constructive et énergisante qui nous challengera tous les deux. Je sais que durant cette revue il y aura des apprentissages partagés, les idées fuseront et des plans d’action seront mis en place.

Grâce au Professeur Carol Dweck, il y a un nom pour l’attitude de ces personnes, le « growth mindset » ou état d’esprit en expansion:

«Les personnes qui croient que leurs talents peuvent être développés (grâce au travail, de bonnes stratégies et à la contribution des autres) ont une « growth mindset ». Ils ont tendance à réaliser plus que ceux avec un état d’esprit plus fixe ou « fixed mindset » (ceux qui croient que leurs talents sont des dons innés). C’est parce qu’ils s’inquiètent moins d’avoir l’air intelligent et ils mettent plus d’énergie dans l’apprentissage.

Carol Dweck – Harvard Business Review, 2016

Je ne m’étendrai pas sur le concept de Dweck, elle l’a fait dans son livre et il y a beaucoup d’articles sur le sujet. Je vous invite d’ailleurs à consulter l’excellent article de Pierre de Gentile, « Comment le Fixed mindset nous limite ».

Ici je vous offre deux « reality check » et quatre façons de favoriser un « growth mindset » basées sur mon expérience managériale et en tant que coach.

Reality check # 1 – personne n’est entièrement l’un ou l’autre. Nous passons de growth à fixed mindset tout au long de la journée et c’est normal. La clé est d’en être conscient et de favoriser un état d’esprit en expansion dans notre façon de travailler.

Reality check # 2 – ne soyons pas naïfs, avoir l’esprit ouvert ou adopter les dernières modes n’ouvre pas une porte magique au « growth mindset », si vous ne vous mettez pas en action suite à un challenge ou une idée nouvelle, votre mindset restera « fixed » malheureusement!

En favorisant un état d’esprit en expansion vous développerez vos compétences en leadership et grandirez en tant que leader. Voici des façons d’agir qui vous aideront :

Soyez curieux

Socialement la curiosité n’est pas toujours bien vue, on peut la confondre avec l’indiscrétion, mais une bonne dose de curiosité est le fondement d’un « growth mindset » (et de leadership). Soyez curieux de vous et des autres. Posez des questions, pourquoi, comment, que se passe-il quand … Regardez au-delà de votre industrie, à l’ère du réseautage, établissez des liens avec des gens d’une industrie totalement différente. Levez les yeux, regardez de côté, n’arrêtez jamais d’observer!

Soyez conscient de vos déclencheurs

Comme je l’ai dit plus haut il est peu probable que vous soyez en « growth mindset » 24h/24h, ce qui est plus important est d’identifier vos «déclencheurs»: qu’est-ce qui vous met dans un « fixed mindset »? Ainsi vous savez quels sont les points à développer. Avoir une meilleure connaissance de soi (je sais que je me répète ! voir mon article) vous aidera à identifier vos déclencheurs: observez vos réactions dans certaines circonstances ou demandez du feedback par exemple.

Collaborez

Seul on ne va pas très loin, votre entourage vous apporte des perspectives et des idées que vous pouvez améliorer ensemble. La croyance fondamentale quand vous avez un « growth mindset » est que rien n’est gravé dans la pierre et qu’il vous est possible d’évoluer et de développer vos talents, vos compétences et changer votre comportement. Et c’est beaucoup plus facile à réaliser si vous êtes entouré par les bonnes personnes et croyez en la collaboration.

Agissez

Faites-le, faites quelque chose, essayez, échouez, réussissez mais AGISSEZ. Le mindset et l’action sont fondamentalement liées et s’influencent mutuellement. En « faisant » vous démontrez que cela peut être fait, cette « expérience » nourrit votre confiance qui à son tour influence votre mindset, cercle vertueux! Soyons honnêtes, si on ne se met pas en action votre « growth mindset » n’est qu’une série de jolies citations sur votre newsfeed et, basé sur la quantité que nous voyons circuler tous les jours, si c’était tout ce qu’il fallait le monde serait plein de leaders 😉

Je n’ai jamais virevolté sur des roller-skates mais, en plus de mon amour inconditionnel pour le disco, j’essaie toujours de développer un état d’esprit en expansion : je prends les opportunités d’apprentissage même si des fois j’ai peur et j’ai réussi et échoué assez de fois pour savoir que rien n’est définitif.

La plus grande menace au succès est d’éviter l’échec.

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